La 28e Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, la COP28, a débuté jeudi à Dubaï avec une cérémonie d'ouverture spectaculaire. Au cours des deux prochaines semaines, des négociations ardues sont prévues sur des sujets cruciaux tels que le changement climatique et la transition énergétique.
Cependant, le président de la COP28, Sultan al-Jaber, également Directeur Général de la compagnie pétrolière nationale Adnoc, est sous le feu des critiques après la publication de notes internes de préparation de réunions officielles. Ces notes énumèrent des arguments en faveur de la promotion des projets d'Adnoc à l'étranger, suscitant des inquiétudes quant à un possible conflit d'intérêts. Sultan al-Jaber s'est défendu contre ces allégations, déclarant n'avoir jamais vu ces éléments de langage.
Malgré ces controverses, un boycott de la COP28 n'est pas envisagé, compte tenu des enjeux cruciaux à l'heure où le climat mondial est sous pression après une année de conditions météorologiques extrêmes.
La conférence, qui a attiré plus de 97 000 participants accrédités, dont environ 180 chefs d'État et de gouvernements, promet d'être un forum où plus de 140 dirigeants mondiaux se succéderont à la tribune pour donner une impulsion politique aux négociations sur le climat.
Des engagements d’envergure
En marge de la conférence, plus de 116 pays se sont engagés à travailler ensemble pour tripler les capacités mondiales d'énergies renouvelables d'ici 2030. Cet engagement non contraignant vise à atteindre 11 000 gigawatts, contre les 3 400 GW actuels, en prenant en compte les différentes situations nationales.
Une vingtaine de pays, dont les États-Unis et la France, ont appelé à tripler les capacités nucléaires dans le monde d'ici à 2050, visant à réduire la dépendance au charbon et au gaz. L'annonce commune a été faite par John Kerry, l'émissaire américain pour le climat, en compagnie de plusieurs dirigeants, dont le président français Emmanuel Macron.
Les États-Unis se sont également engagés à apporter 3 milliards de dollars supplémentaires au Fonds vert pour le climat. L'engagement de la Maison Blanche devra cependant être approuvé par le Congrès américain.
Le Japon quant à lui va arrêter de construire des centrales au charbon sans captage de CO2. Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, s'y est engagé. L'archipel, fortement dépendant des importations de charbon et d'autres combustibles fossiles, cherche à devenir neutre en carbone d'ici à 2050. Mais selon certains experts comme Leo Roberts, chercheur au sein du groupe de réflexion sur le climat E3G, ce changement est une "porte dérobée" pour augmenter la durée de vie de "l'infrastructure de combustibles fossiles" existante.
La transition énergétique est engagée
Les Émirats prévoient des engagements volontaires ambitieux, tels que le triplement des énergies renouvelables d'ici 2030 et l'augmentation des aides financières des pays riches aux plus vulnérables. Les entreprises sont également invitées à faire des annonces majeures.
Néanmoins, seuls les textes officiels adoptés pendant la COP28 auront une force comparable à l'accord de Paris. Il s’agit d’un défi de taille, étant donné les résistances persistantes à aborder explicitement la question des énergies fossiles.
Alors que les débats promettent d'être intenses, les observateurs restent prudents quant à la possibilité d'un fiasco, soulignant les différences de positionnement de certains pays producteurs de combustibles fossiles.
La question est légitime, puisque depuis la COP21 et l'accord de Paris, les émissions de gaz à effet de serre ont continué à augmenter. Mais alors qu'on tablait à l'époque sur 16 % d'augmentation d'ici 2030, l'ONU Environnement ramène désormais la hausse à 2 %.
Ce ralentissement n'est pas attribuable au seul texte mais la transition énergétique est indéniablement engagée, bien que plaçant toujours le monde sur une trajectoire de réchauffement invivable.
Depuis 2015, une centaine de pays se sont engagés à la neutralité carbone, le solaire est devenu l'énergie la moins chère pour générer de l'électricité, le pic de la demande en énergies fossiles est en vue cette décennie et l'Agence Internationale de l'Énergie s'attend à ce que plus du tiers des voitures neuves dans le monde soient électriques en 2030, un scénario impensable avant 2015.
Sources:
Chagnon, L., & Galopin, A. (2023, 2 décembre). DIRECT. COP28 à Dubaï : 116 pays s’engagent à tripler les capacités d’énergie renouvelable dans le monde d’ici. Franceinfo.
https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/cop/direct-cop-28-une-vingt aine-de-pays-appelle-a-tripler-les-capacites-nucleaires-dans-le-monde-d-ici-2 050_6219315.html
France 24. (2023, 30 novembre). Dubaï donne le coup d’envoi de la COP28, « la plus importante depuis Paris » . France 24.
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